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Élisabeth

Dès ma première relation sexuelle à l’adolescence, j’ai souffert d’horribles douleurs. Ces douleurs étaient des sensations de brûlures intenses et d’ecchymoses au niveau intra vaginal qui duraient parfois jusqu’à plusieurs journées après une relation sexuelle. Durant les premières années, j’ai cru que c’était normal. J’ai donc enduré en silence ces douleurs. J’étais gênée, je me sentais mal et je ne savais pas comment en parler. J’entendais mes amies discuter de leur vie sexuelle et je me demandais comment elles réussissaient à ne pas avoir mal, à ce que les relations sexuelles durent longtemps, à ce qu’elles aient lieu plusieurs fois par jour. Puis, je suis allée écrire mes symptômes sur Google et j’ai découvert que je souffrais d’une vulvodynie (ou vestibulite).

La première personne à qui j’ai parlé a été mon médecin de famille. J’ai été très chanceuse puisqu’il était très ouvert d’esprit. Il m’a cru et il m’a écouté sans changement. Je sais que certaines femmes se sont fait dire par des médecins que leurs douleurs sont « dans la tête » et elles se font maladroitement demander si elles ont été agressées sexuellement. On m’a d’ailleurs posé cette question de nombreuses fois, lorsque je discutais avec des spécialistes. Ces douleurs n’étaient ni dans ma tête ni le résultat d’une quelconque agression sexuelle.

J’ai alors été recommandée en gynécologie et j’ai reçu à ce moment pour la première fois le diagnostic d’une vulvodynie. J’étais très jeune. On m’a dit que j’étais chanceuse puisque j’étais malgré la douleur capable de « m’endurer » une dizaine de minutes à chaque relation sexuelle et que donc je ne devrais pas trop me plaindre. On m’a prescrit des crèmes hormonales et c’est là que débuta pour plusieurs années un véritable cauchemar.

Les crèmes n’ont pas fonctionné, pas plus que l’acupuncture, l’ostéopathie pelvienne, la physiothérapie pelvienne (plus de 30 rendez-vous), les injections à la cortisone intra vaginaux qui ont fait non seulement extrêmement mal, mais qui n’ont pas du tout fonctionné, les séances de psychothérapie, les crèmes anesthésiantes (qui anesthésiait aussi mon partenaire), l’alcool! (juste parce que j’avais l’impression d’avoir moins mal) même les antidépresseurs! Rien n’a fonctionné, j’ai fini par me résigner à avoir mal.

J’ai été extrêmement chanceuse puisque tous mes partenaires ont toujours été plus que respectueux envers ma condition médicale. Par contre, plus le temps avançait, plus ma santé mentale et ma libido en prenaient un coup…

En 2019, dans la trentaine j’en ai eu plus qu’assez d’avoir mal. Je ne m’imaginais pas concevoir un enfant dans la douleur. J’ai décidé de finalement accepter l’ablation de mon vestibule, une opération risquée, sous anesthésie générale pour laquelle il existe une très longue période de réadaptation. Une opération qui n’était recommandée qu’en dernier recours et une opération qui n’était pas nécessairement efficace non plus. Une opération qui nécessitait de me faire charcuter et pour laquelle il existait de nombreuses complications possibles.

Deux jours avant la date de l’opération, morte d’inquiétude et très stressée, je suis allée faire « ce qu’il ne faut pas faire ». Je suis allée lire sur Google tous les témoignages possibles à propos de cette chirurgie et je suis tombée des nues. Peu de témoignages étaient positifs, en fait il s’agissait surtout de récits d’horreur où les femmes avaient beaucoup souffert et les résultats étaient très mitigés. Je me suis mise à paniquer. Je suis allée consulter une infirmière en santé communautaire le lendemain. Elle m’a conseillé de ne pas faire cette chirurgie si j’avais autant de doutes. J’étais vraiment déçue, je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel. Puis, elle m’a dit qu’elle avait entendu à la radio des publicités à propos du laser gynécologique. Elle m’a dit qu’elle n’avait aucune idée si cela était efficace mais qu’au point où j’en étais, ça valait peut-être la peine de m’informer. Elle m’a aussi dit que cette intervention était onéreuse et qu’elle n’était pas couverte selon elle par les assurances.

J’ai contacté la clinique MedidermeMC où tout le personnel a été extrêmement empathique à ce qui m’arrivait. On ne pouvait me garantir le résultat et le coût des traitements était très onéreux, mais je n’avais plus rien à perdre. Personne ne m’avait jamais parlé de cette alternative auparavant. Je sais qu’il s’agit d’une technologie relativement récente… mais quand même… j’étais passée entre les mains de plusieurs spécialistes auparavant.

J’ai commencé les traitements de laser gynécologique et pour moi, ç’a été une véritable révélation. Après seulement deux traitements, ma vie a été complètement changée pour une fraction de la douleur que j’aurais endurée pour une opération au public dans un hôpital. Opération qui aurait coûté des dizaines de milliers de dollars au contribuable (le salaire de l’anesthésiste, du gynécologue, des infirmières, de l’équipement, etc.) mais qui aurait été couverte par l’assurance maladie. Je m’explique mal pourquoi j’ai dû verser une somme colossale alors qu’il s’agissait d’une maladie gynécologique réelle, pour laquelle aucun traitement n’avait fonctionné, une maladie qui me causait énormément de problèmes d’estime et de douleurs. Une maladie que même les médecins s’expliquent mal. L’une des hypothèses dans le milieu scientifique et selon moi la plus plausible est une cause hormonale.

Je ne savais pas ce que je manquais, n’ayant jamais rien vécu d’autre, mais je vis depuis une réelle « résurrection sexuelle ». Ç’a été pour moi une révélation. J’ai enfin pu éprouver du plaisir, j’ai enfin pu profiter de ma vie sexuelle sans anticiper la douleur, sans subir pendant plusieurs jours d’intenses brûlures. Pour ma part, je n’avais jamais rien connu d’autre, je ne savais donc pas ce que je manquais. Néanmoins, je ne retournerais en arrière pour rien au monde.

J’espère que le gouvernement et/ou les compagnies d’assurance rembourseront un jour cette intervention. Elle représente une fraction du prix de ce qu’aurait coûté la chirurgie. En ce qui me concerne, le résultat tient presque du miracle. J’éprouve encore de légers inconforts parfois, mais j’ai eu une diminution de plus de 90% des douleurs lors des rapports sexuels.

Je sais que plein d’autres femmes souffrent en silence, je sais qu’il est extrêmement tabou d’aborder ce sujet. J’espère que les choses changeront, j’espère que les mentalités évolueront. J’espère que si j’ai un enfant de sexe féminin un jour, elle n’aura pas à endurer ces souffrances. La mienne lorsque je lui en ai parlé la première fois, elle a pleuré. Elle se sentait mal pour moi, elle n’avait jamais vécu cela. Des années plus tard, lorsque je lui ai parlé du résultat de l’intervention, elle a aussi pleuré, pleuré de joie que je puisse enfin avoir une vie sexuelle épanouie à 31 ans. Et vous savez quoi? Moi aussi, j’ai pleuré de joie lors de ma première relation sexuelle sans douleur.